Haironville des temps passés reste toujours "preneur" de photographies et documents pouvant continuer d'enrichir et de partager la connaissance de l'histoire et des familles d'Haironville et de ses environs ... N'hésitez pas à nous contacter via le mail du site. Merci !

jeudi 30 juillet 2009

Les Forges d'Haironville ...

Historique succinct des Forges d’Haironville

On ne peut pas évoquer Haironville sans parler des Forges qui sont profondément ancrées dans les racines de l’histoire du village.
Au Moyen-âge, le territoire d’Haironville qui se trouvait dans l’état féodal du Barrois appartenait aux comtes de Bar, puis après 1354 ce territoire passera aux Ducs de Bar.
Le chapitre de Saint-Maxe de Bar était propriétaire, en l’an 1022 du moulin Monchablon situé sur la Saulx, dans un domaine entre Haironville et Rupt-aux-Nonains. Son activité consistait principalement en battants, soieries et papeteries. C’est en 1535 que le Chapitre de Saint-Maxe décida de transformer le moulin Monchablon en forges.

A flan de coteau, sera alors construit un four au lieu-dit « La Haute Forge » et une roue à eau fera fonctionner la soufflerie. Dans les environs se trouvait du minerai en poches et principalement à la minière de Brillon-en-Barrois qui était la plus importante du secteur. Extrait de ces minières, la matière première était cassée et lavée à grande eau dans un « brocard à patouillard », puis stockée près du fourneau de la forge. Sous les grandes futaies des nombreuses forêts du secteur, les charbonniers préparaient le charbon de bois que l’on venait ensuite stocker et abriter à proximité du « gueulard ».

La région a connu un important accroissement de l’industrie du fer et les forges se sont développées d’une façon assez considérable. Dans la vallée de la Saulx, on trouvait des forges et des fourneaux dans les villages de Montiers-sur-Saulx, Morley, Ecurey ou la présence de forges remonte à 1188, Le Bouchon-sur-Saulx, Dammarie-sur-Saulx, Cousances, Robert-Espagne, Jeand’heurs et bien entendu Haironville.
A proximité, dans la vallée de l’Ornain, des forges étaient également en activité dans les villages de Treveray, Givrauval, Gondrecourt-le-Château, Evaux et Saint-Amand-sur-Ornain. Tout proche, le département de la Haute-Marne, pour sa part n’était pas non plus en reste pour la densité de ses forges sur son territoire, bien au contraire.
Ainsi, lorsque l’on pratique la généalogie, on voit des familles travaillant dans la sidérurgie se déplacer d’un lieu à un autre, soit en totalité parfois ou en partie seulement et leurs enfants y faire souche. Les métiers exercés tels ceux de mouleur, de forgeron, de puddleur, et tous les métiers dérivés de la forge et des fourneaux, que l’on rencontre sur les actes d’état civil montrent combien une grande partie de la population locale vivait de l’industrie du fer. On s’explique mieux alors le pourquoi de ces « migrations » locales.
Les productions était très variées, telles la fabrication d’outils, de clous, d’objets ménagers et de taques de cheminées.

Mais revenons à Haironville. C’est vers 1600 que le Chapitre de Saint-Maxe fut autorisé par l’Evêque de Toul, à vendre à Johannès Godin de Saint-Dizier le domaine de Montchablon. A sa mort, sa veuve Catherine Vignette, le revendra à Louis de Lorraine, duc de Guise et seigneur d’Ancerville. Celui-ci chargera le gruyer d’Ancerville de remettre en valeur les forges et les fourneaux. En raison des temps troublés et des difficultés rencontrées, l’exploitation est abandonnée et l’usine louée au « sieur Thirion ». La période est alors traversée par de grands troubles ; grandes famines, pillages, troupes débandées un peu partout, taux de mortalité très important à cause du fléau de la peste et les calamités de toutes sortes.

En 1706, c’est Pierre Bourgeois, administrateur de la Baronnie d’Ancerville qui sera chargé de la direction des forges d’Haironville. En 1721, Philippe d’Orléans cèdera la Baronnie à Léopold, duc de Lorraine et de Bar, mais la pénurie de ses finances ne lui permettra pas d’effectuer les réparations nécessaires pour que la forge puisse poursuivre son activité. Le 23 avril 1723, il aliènera son domaine et en donnera « concession perpétuelle » à Jacques Louis Bourlon de Saint-Dizier, alors sous-fermier de la Baronnie d’Ancerville. Les bâtiments, le fourneau, le moulin et le pressoir étaient dans un tel état de délabrement qu’il ne pourra les exploiter. Il décidera donc de faire démolir les vieux bâtiments de la Haute Forge pour faire réaliser des nouvelles constructions sur une étendue plus vaste. C’est lui, avec son épouse Agnès Bouland, qui fera aussi construire vers 1735 le « le château de la Forge » à façade sur rue avec escalier à rampe en fer forgé et avant-corps central à fronton cintré avec fenêtres ornées de clefs sculptées et murs de soutènement à contreforts cylindriques; domaine qui passera par la suite à la famille Raugel. Après le décès de celle-ci, le château est à l’abandon et menace ruines, c’est alors M.Georges Dumesnil qui en fera l’acquisition et qui assurera sa belle restauration à partir de 1987.
Sous l’impulsion de Jacques Louis Bourlon, pendant environ une dizaine d’années le « domaine » des forges et les matériels d’exploitation seront remis à neuf.
Ce sera son fils, Jean Baptiste Bourlon, successeur de son père, qui continuera à développer les forges d’Haironville. Puis en 1775, il en fera la vente à son cousin Louis François Alexandre Bourlon. Ce sera le fils de ce dernier, Pierre Henri Bourlon, qui lui succèdera en 1784 en reprenant la direction des forges qui fonctionnaient relativement assez bien.

Tout aurait pu continuer ainsi … Mais la Révolution de 1789 viendra tout bouleverser !
Les propriétés seront mises sous séquestre en vertu de la loi du 10 Frimaire de l’an II. Ce sera en vain que Pierre Henri Bourlon tentera de s’opposer à cette prise de possession. La situation générale devenant de plus en plus trouble, il décidera de quitter la région en abandonnant tout. Peu d’informations demeurent de cette période troublée sur les forges d’Haironville, et ce sera le 21 Pluviose de l’an IX qu’un arrêt autorisera la cession du domaine à Pierre Henri Bourlon qui en était demandeur.
Après sa mort, son fils Alexandre Claude Henri Bourlon, vendra le 15 novembre 1829, la forge d’Haironville et ses dépendances à Jean Deminuid de Chavigny.

A partir de 1830 la forge sera louée à M.Chantreaux, puis en 1840, elle sera vendue à Léon Jacquot de Louvemont, maître de Forges, et à Jules Jacquot de Chavigny. Messieurs Jacquot feront alors construire la « Grande Maison », le « Chalet » et leurs dépendances tout en aménageant le parc. Les nouveaux propriétaires moderniseront aussi la forge et ses installations. Après la mort en 1861 de Léon Jacquot, Jules Jacquot fera construire un laminoir dégrossisseur entraîné par une machine à vapeur alimentée par les fours à puddler et un laminoir finisseur entraîné par une turbine hydraulique.
Puis de nouvelles difficultés apparaîtront car les hauts fourneaux au bois seront l’objet d’une vive concurrence par les hauts fourneaux au coke bien plus rentables. Le dernier fourneau au bois à Haironville s’éteindra en 1880. En 1882, Jules Jacquot ne pourra plus faire face et sera déclaré en faillite, puis miné par ces misères, il décédera peu de temps après.
Les forges d’Haironville seront alors mises en adjudication publique. Ce sera sur le conseil de ses amis Paul Varin-Bernier, banquier à Bar, et Auguste Salin, que Henri Godinot, natif de Vitry-le-François, en fera l’acquisition en octobre 1882. Celui-ci remettra rapidement les forges en activité avec quatre fours à puddler et une production de fers fins de première qualité qui feront vite la bonne réputation des forges. En 1885, une voie de raccordement sera construite entre les forges et le chemin de fer à voie étroite « le Tacot » dont la construction, à cette époque, était en cours de réalisation le long de la Saulx. Henri Godinot marquera aussi l’histoire d’Haironville par ses actions particulières, entre autre, l’aménagement de locaux pour recevoir des orphelines recueillies par les religieuses, la construction de la chapelle de l’usine, et diverses actions sociales en faveur des ouvriers. Henri Godinot spécialisera les forges dans le fer puddlé pour produire des pièces délicates comme des rivets pour la construction de la Tour Eiffel et des essieux pour les automobiles.

Puis arrivera le 20ème siècle pour écrire une nouvelle page de l’histoire des Forges d’Haironville et de sa transformation. C’est ainsi qu’en raison de la concurrence des fers lorrains, les forges passeront au laminage des tôles minces et la fonderie se transformera en tôlerie vers 1914. L’usine d’Haironville passera au laminage à froid avec l’installation d’une chaîne de galvanisation dans le début des années 1950 … Nous aurons l’occasion de revenir sur les Forges d’Haironville et sur les hommes qui ont fait aussi son histoire au cours de ce siècle, comme en témoigne cette vue d’un groupe d’ouvriers.

Aucun commentaire: